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Le double salaire d'Henri Proglio relance le débat sur la rémunération "excessive" des Patrons des grands groupes et du CAC 40 en particulier. Certains viennent au secours de M. Proglio en développant deux arguments. Primo, le salaire des grands patrons correspond selon eux à la performance de leurs résultats, secondo, si on ne les paye pas assez, ils partiront à l'étranger et ce sera une grande perte pour l'économie française. Revenons un instant sur ces arguments…

Sur le premier point, regardons quelques chiffres pour nous faire une opinion: 

  Le PIB est sans doute un indicateur pour mesurer sur une longue durée la performance des grandes entreprises qui entraînent dans leur sillage toute l'économie. Et bien, le PIB de la France est passé de 1000 milliards d'euros en 1990 à 2000 milliards d'euros en 2010. Soit une progression de 100 %.

Mais ce seul critère de production n'est sans doute pas suffisant pour apprécier la "performance" des patrons du CAC 40, il faut aussi mesurer l'accroissement de richesse qu'ils ont apporté à leurs actionnaires. L'indice du CAC 40 est passé de 2000 en 1990 à 3900 début 2010, soit une augmentation de 95% très proche d'ailleurs de l'augmentation du PIB malgré trois bulles et 3 crises financières successives. 

  On s'attend donc en toute logique à ce que le salaire des patrons du CAC 40 ait suivi cette même progression. Pourtant, ce n'est pas le cas. Les revenus moyens (salaires + stock-options) d'un patron du CAC 40 qui représentaient en moyenne 80 fois le SMIC en 1990, représentent aujourd'hui environ 500 fois le SMIC. Soit une augmentation de 500%. Les revenus des patrons du CAC 40 ont donc augmenté 5 fois plus vite que la performance économique de leur entreprise et 5 fois plus vite que la richesse de leurs actionnaires... 

  Notons au passage, que dans le même temps, le salaire moyen des français est passé de 1740 € net mensuel à 2300 € net mensuel soit une augmentation de 32 % en 20 ans, ce qui donne une idée du bénéfice que les salariés français ont tiré de la croissance de leur pays et de leurs entreprises… !

Sur le second point, considérons la perte que le départ de certains patrons provoquerait:

  Souvenons-nous de la parabole restée célèbre de Saint-Simon (le philosophe) à propos du gouvernement de Louis-Philippe : "Admettons que la France ait le malheur de perdre le même jour Monsieur le frère du roi, Monseigneur le duc d’Angoulème [...] les grand officiers, tous les ministres, les dix mille propriétaires les plus riches [...] Cet incident affligerait certainement les Français, mais cette perte ne leur causerait de chagrin que sous un rapport sentimental, car il n’en résulterait aucun mal politique pour l’Etat".

Imaginons à notre tour que les 40 patrons du CAC 40 et les 120 patrons du SBF 120 disparaissent tous ensemble lors d'un tsunami qui ensevelirait le palais des congrès sur une île des Bahamas où les auraient réunis le Medef en séminaire de réflexion sur l'avenir du capitalisme mondial. Et bien nous en serions tous affligés d'un point de vue sentimental et affectif, mais que se passerait-il du point de vue économique ?

Rien, absolument rien. Car immédiatement les n°2 de chacun de ces groupes prendraient les rênes de leur entreprise ; et comme il s'agit de personnes au profil tout à fait comparable, formées dans les mêmes écoles, rompues à la même pratique managériale et connaissant tous les rouages de leur entreprise, chaque entreprise continuerait son activité comme si rien ne s'était passé.

Si par aventure les n°2 disparaissaient aussi dans le même tsunami, notre chagrin en serait plus grand, mais on peut même imaginer que la promotion des n°3 et des n°4 dans l'organigramme insuffle un vent de renouveau propice à la croissance de chacune de ces entreprises.

Ceux qui ont évolué dans les grandes entreprises ou les grands groupes pourront donc en leur for intérieur se faire leur propre opinion, mesurer le chagrin que leur causerait le départ vers l'étranger de leur patron contraint d'abandonner ses stock-options et envisager la conséquence économique de ce départ sous l'angle de l'humilité..!

 

Source UL cgt Bourges

Tag(s) : #INFOS SYNDICALES
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