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Pour grappiller quelques recettes supplémentaires, le gouvernement va taxer les sodas. Lutter contre l’obésité, oui, à condition que cela rapporte !
Enfin ! Il aura fallu une sévère crise de la dette pour que les pouvoirs publics s’intéressent à la prévention de l’obésité. Mercredi, François Fillon a annoncé, en même temps qu’une augmentation du prix du tabac et une hausse de la fiscalité sur les alcools forts, la création d’une « taxe soda », censée rapporter 120 millions d’euros. « Ces mesures sont plus que des mesures financières », a immédiatement justifié la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra. « Ce sont des mesures sanitaires qui vont directement soutenir les actions de prévention et de lutte que nous menons dans le cadre de nos politiques de santé publique ». 

Qu’attendons-nous alors pour taxer aussi les fast-food, les gâteaux et autres bonbons, interdire les réclames pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés aux heures où les enfants regardent la télévision, ou encore mettre en place des programmes d’éducation nutritionnelle ? Ou pourquoi pas encore taxer tous ceux qui ne mangent pas leurs cinq fruits et légumes par jour ou ne se soumettent pas aux 30 minutes quotidiennes d’exercice physique pendant qu’on y est ? 

Les spécialistes de la santé n’ont pas mordu à l’hameçon, fustigeant pour certains un « effet d’annonce » à la veille d’une élection présidentielle et un « argument fallacieux » de prévention de l’obésité. Avec 14,5% de Français obèses et 31,9% en surpoids, il serait pourtant plus que temps d’élaborer un véritable plan de prévention, qui soit autre chose que des messages sanitaires en bas des écrans de publicité ou des chartes non contraignantes signées entre les pouvoirs publics et l’industrie alimentaire. En février 2009, les grandes marques s’étaient ainsi engagées à « promouvoir une alimentation et une activité physique favorables à la santé dans les programmes et publicités diffusés à la télévision ». « Conscients du rôle qu’ils peuvent jouer pour contribuer à prévenir des comportements nutritionnels déséquilibrés, les professionnels d’engagent dans une démarche active motivée par un esprit de responsabilité », disait la charte. 

Une belle promesse de lutte contre l’obésité… Reste que dans les faits, quatre publicités alimentaires destinées aux enfants sur cinq portent encore sur des produits trop gras ou sucrés, tel que le révélait au début de l’année l’association UFC-Que Choisir. « La création d’un environnement plus favorable implique en premier lieu une forte mobilisation des distributeurs et de l’industrie agro-alimentaire », écrivaient, en 2006, les sénateurs, dans un rapport sur la lutte contre l’obésité. Ces mêmes parlementaires avaient aussi plaidé pour que les aliments « à faible densité énergétique et forte valeur diététique, en particulier les fruits et légumes » soient plus facilement accessibles aux ménages les plus modestes. « Ce mécanisme semble en effet plus efficace que le système consistant à taxer plus fortement les produits caloriques (la « fat tax ») et qui, au final, pénalise les acheteurs plus défavorisés ». La « taxe soda », une mesure de santé publique, vous avez-dit ?
Tag(s) : #INFOS SYNDICALES
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