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De nombreux Français hésitent à se rendre chez le médecin, faute de pouvoir se payer une mutuelle pour couvrir les frais non remboursés. La tendance va s'aggraver car les complémentaires santé, plus taxées, vont devenir de moins en moins abordables.

L’alourdissement de la taxation des complémentaires santé n’en finit pas de faire polémique. Et pour cause ! Elle est, de loin, la mesure la plus impopulaire du plan de rigueur du gouvernement. Au chômage depuis bientôt un an et demi, Stéphane, vingt-six ans, a résilié sa mutuelle santé il y a cinq mois. « Les 36 euros par mois étaient trop lourds » pour son « petit budget ». « Entre le loyer, l’électricité, l’essence pour la voiture, indispensable pour chercher un boulot et la nourriture, je n’y arrivais plus », se justifie le jeune homme, qui pense même retourner vivre chez ses parents.

Comme Stéphane, 4 millions de Français renoncent à se payer une complémentaire santé. Il faut dire qu’en pleine crise, ce poste de dépense pèse lourd dans le budget des ménages. « Les individus faisant face à des taux d’effort trop élevés au regard de ce qu’ils sont prêts à assumer décident de ne pas se couvrir », constate l’Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé). Or posséder une mutuelle – ou une assurance santé – est devenu déterminant pour bien se soigner. Si 14 % des Français renoncent à se soigner pour des raisons financières, c’est le cas de 27 % des personnes sans mutuelle. Le dentaire et l’optique sont les premiers soins sacrifiés. Sans compter que les patients sans complémentaires doivent faire face à des restes à charge plus importants que les autres (forfait hospitalier, dépassements d’honoraires). D’ailleurs, les services sociaux voient de plus en plus de personnes venir avec des factures d’hôpitaux à payer…

À soixante-quatre ans, Babeth n’en est pas là. Pourtant, cette jeune retraitée n’a plus de mutuelle depuis trois ans. « Avec 810 euros par mois, je ne peux pas me le permettre. Je croise les doigts pour ne pas avoir de pépin », avoue-t-elle. Comme de nombreux ménages, Babeth fait partie des 20 % les plus démunis (gagnant moins de 870 euros par mois) qui ne peuvent prétendre ni à la couverture maladie universelle complémentaire (il faut gagner moins de 634 euros par mois), ni à l’aide complémentaire santé (ACS), dont elle dépasse le plafond de… 11 euros ! Créé en 2005 par les pouvoirs publics, ce chèque santé était pourtant censé limiter l’effet de seuil engendré par la CMU (couverture maladie universelle) et ainsi pallier les difficultés des petits revenus. « La première chose qui explique que les gens n’aient pas accès aux soins, c’est l’accès ou non à une complémentaire santé, analyse Florence Jusot, économiste de la santé. C’est donc une question de revenus ! »

L’aide n’est pas toujours suffisante

Qui plus est, le dispositif du chèque santé peine à trouver son public. Au 30 avril 2011, seuls 658 735 assurés en bénéficiaient, soit un quart de la population ciblée. De plus, l’aide (entre 100 et 600 euros par an) n’est pas toujours suffisante.

« Pour les petits revenus, les arbitrages budgétaires ne font pas nécessairement de la couverture complémentaire santé une priorité par rapport à d’autres besoins de court terme », souligne l’Irdes. Les contrats souscrits grâce au chèque santé par ailleurs sont des contrats « d’entrée de gamme ou peu supérieur » car moins chers, mais qui occasionnent des restes à charge importants : en moyenne 9 euros pour une consultation de spécialiste, 150 euros pour des lunettes et 350 euros pour une prothèse dentaire ! « La solidarité que doit mettre en œuvre la Sécurité sociale fonctionne désormais trop mal pour que des mécanismes d’entraide comme la CMU et l’ACS puissent jouer pleinement leur rôle », reconnaît Jean-Paul Panzani, président de la Fédération des mutuelles de France (FMF).

Et même si le montant du chèque santé a augmenté, le prix des complémentaires a suivi. Pour Christian Saout, président du Ciss (association de patients), « c’est un cercle vicieux. Les cotisations pour avoir accès à une complémentaire santé ne sont proportionnelles au revenu que pour une minorité de mutuelle. La taxation des mutuelles adoptée la semaine dernière ne fera que renforcer les inégalités d’accès aux soins. » Et si les primes augmentent, le nombre de personnes sans couverture santé devrait lui aussi augmenter, et pas seulement parmi les plus démunis.


4 millions de « sans mutuelle »
--> 4 millions : c’est le nombre de personnes qui n’ont pas 
de complémentaire santé.
--> 547 euros : c’est le reste à charge par personne et par an 
d’un assuré en 2008. Il était de 217 euros en 1980.
--> 10 % : c’est la part que représente une complémentaire 
santé dans le revenu des ménages les plus pauvres 
(– de 800 euros par personne).
--> 10,5 % : c’est la part de femmes au foyer qui n’ont pas 
de couverture complémentaire.
--> 30 % : c’est le nombre de personnes sans mutuelle 
qui renoncent à se soigner.
--> 76 % : c’est la part de cadres qui bénéficient d’une mutuelle d’entreprise, contre seulement 58 % des ouvriers.

 


Tag(s) : #INFOS SYNDICALES
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